Le soleil descend, le vent se lève.La Pénombre, petit à petit, avance.
Elle s'étend. Du pied des murs jusqu'aux portes des magasins.
Elle gagne du terrain, gomme les couleurs,
recouvre le monde d'un voile uniforme.
Puis vient la nuit.
La nuit froide, la nuit humide.
La longue nuit de l'hiver.
Cet hiver qui, là d'où je me tiens, semble sans fin.
Quand le sommeil te prend trop vite
Puis soudain t'abandonne.
Rien ne respire, rien ne bouge.
La nuit est là.
La nuit et tous ses monstres
Tapis dans l'ombre,
Cette ombre épaisse de silence.
Ce silence si intense,
Celui qui vrille les tympans,
Celui qui fait battre le coeur plus vite.
Celui qui glace le sang.
Celui qui noie tout ce qui disparait dans les recoins,
Gardé par ces regard effrayants,
Cette crainte du noir qui habite les enfants.
Ecoutez, regardez, comme eux.
Ils sont les seuls à deviner tous les périls qui vivent loin de la lumière.
Oh, je sais que je regagne, chaque soir, cet écrin d'amour et de chaleur, ce foyer de douceur.
Mais par delà les fenêtres, la nuit est toujours là.
La nuit, et son lot de peurs.
Le silence, et les monstres.
Il est plus d'un silence, plus d'une nuit, car chaque solitude à son propre mystère... (Sully Prudhomme)