De ma fenêtre, je vois souvent les personnes âgées du voisinage se promener dans leur jardin.
Ils n'ont plus d'enfants dont s'occuper,
alors ils veillent sur leurs rosiers et leurs dalhias, sur leurs pensées et leurs géraniums.
Ils se retranchent derrière des haies pour chérir cet écrin de verdure.
J'en vois certains qui restent accoudés à la fenêtre quand il pleut,
et qui regardent le ciel pleurer.
Quand les gouttières débordent, quand les terrasses glissent,
ils sortent pour mettre les fleurs plus fragiles à l'abri des caprices des cieux Normands.
Et, jour après jour, ils regardent le temps passer,
ils le regardent faire éclore leurs chères plantes,
plutôt que de voir les saisons défiler sur leur visage.
Je crois que ces gens-là ont saisi la poésie et la beauté de l'éphémère plus que quiconque.
Voilà pourquoi je préfèrerais être une grand-mère des champs plutôt qu'une grand-mère des villes.