"Eh non ! Tu n'y es pas arrivée, à ça non plus !
Tu n'as pas su, tout comme tu n'as pas su échapper à toutes les perversions de la vie et du monde..."
-Arrête, tu veux ? Je le sais, pas besoin de me le répeter.
"Tu connais la chair, la tête qui tourne de trop de fête,
tu connais le goût de ton sang, tu connais la faiblesse face à ta propre peine,
le poids de tes larmes, et de la colère..."
-Tais-toi je te dis ! ... Oh et puis zut ! Je ne t'écoute plus..
"Tut tut... Tu n'es plus innocente, tu sais... Tu voudrais encore être une enfant, n'est-ce pas ?"
La musique démarre. Je veux noyer ces réflexions sous les décibels.
"Tu voudrais encore être une enfant, mais regarde ! Regarde toi Petrouschka !
Tu n'es rien, plus rien !
Ta prétendue innocence, ta prétendue pureté, tout ça n'est que mensonge !
Tu n'existes plus !
Tu n'es qu'une illusion, une sournoise et incongrue rumeur de vie !"
La musique enfle et martèle mes tympans.
Tout pour ne plus entendre cette voix mauvaise et perçante.
"Tu n'es qu'un être pourri jusqu'à l'os,
une gamine gauche et ingrate qui aura grandi trop vite !
Tu rêves d'amour, mais n'en verras que l'ombre !
Tu rêves de magie, n'en connaîtras que les désillusions !
Tu rêves de douceur, mais t'écorcheras à chaque geste !
Tu rêves d'autre monde, mais ne trouveras que leurs frontières fermées !
Tu rêves d'Anges, mais n'auras pour escorte que les putains du Diable !
Tu rêves au soleil, mais vois !
Ta vie ne sera qu'orage !"
-Silence ! Tais toi !
Et la musique gronde jusqu'à m'en faire exploser la tête.
"Tu voulais faire de grandes choses,
mais ne sais même pas t'occuper de toi-même !
Tu n'es qu'une silhouette floue qui se complait dans la pénombre glauque d'un couloir vide !
Tu n'es qu'un amas de chair souillée et de sang malsain, empoisonné !
Tu n'es que pour choquer, et déranger !"
La douleur et la colère me submergent.
De l'air !
De l'air ou je vais mourir !
Déjà le sang coule...
Non !
Je ne veux pas !
Je ne veux plus !
"Allons, Petrouschka ! N'aie crainte, toi l'Innocente !"
-Cesse donc de te moquer ! Et aide moi ! Je ne veux pas mourir !
Comme un oiseau en cage, comme une âme que la douleur a rendue folle,
Je me heurte aux murs, martèle la porte close,
et tente la fenêtre, mais la trouve grillagée.
Soudain, fatigué de cette folie,
mon corps s'écroule, inerte, au milieu de cette pièce noire.
Et je... Je pleure..?
"Une fois de plus, Petrouschka, tu as échoué."
Une lame invisible me transperce.
Et de la blessure béante de mon coeur s'échappe mon dernier souffle.
Et ma vie avec....
Sois forte, ça ira mieux :)
Et l'amour est le plus beau des risques à courir, je pense...